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Retraité depuis juin dernier, le Havrais de 32 ans retrouve en tant qu’entraîneur le plaisir qu’il a

Retraité depuis juin dernier, le Havrais de 32 ans retrouve en tant qu’entraîneur le plaisir qu’il avait perdu en tant qu’athlète.

C’est sur sa page Facebook, le 30 juin 2016, que Dimitri Dragin a annoncé sa décision de mettre un terme à sa carrière. « C’est sans regret que je vous annonce que je ne serai plus dans les starting-blocks... » Sans regret, car cela faisait déjà un moment que l’ancien élève du Judo Club Paul Eluard, au Havre, songeait à la possibilité de remiser le kimono au vestiaire. Du moins celui de l’athlète, du compétiteur, pour enfiler celui de l’entraîneur, dans lequel l’ancien tricolore, champion du monde par équipes en 2011, s’épanouit désormais au quotidien. Notamment auprès de l’espoir grand-quevillaise Cheyenne Mounier.

« Je me suis demandé ce que je faisais là... »

Cinquième aux JO de Pékin en 2008 (-60 kg), Dimitri Dragin s’était battu comme un beau diable pour vivre une nouvelle aventure olympique quatre ans plus tard à Londres dans la catégorie supérieure (-66 kg). En vain. « J’avais fait beaucoup d’efforts pour remonter au ranking mondial. Ce qui fait que j’étais arrivé essoufflé aux championnats d’Europe, où se jouait la qualification pour Londres. Du coup, c’est David Larose qui était parti, et moi, je n’étais que remplaçant. »

Médaillé de bronze aux « Europe » l’année suivante, le licencié de Levallois-Perret n’avait plus fait parler de lui par la suite. Il espérait néanmoins s’offrir une dernière escapade à Rio. « Mais très vite, dès le mois de juin 2015, j’ai senti que je n’y arriverais pas. Que je ne pouvais plus... Je n’avais plus de plaisir. » Le déclic définitif intervient en novembre 2015, lors des championnats de France organisés au Kindarena de Rouen.

« Dès mon entrée dans la salle, je me suis demandé ce que je faisais là... J’étais davantage préoccupé par la compétition de Cheyenne (lire ensuite) que par la mienne. »

Huit mois plus tard, celui qui avait intégré l’Insep en 2003 et l’équipe de France seniors deux ans plus tard se décidait donc à dire stop, sans doute usé par le temps et les efforts que demande une telle longévité au haut niveau. « J’ai quitté Le Havre à 16 ans pour rejoindre le pôle Espoirs de Rouen, puis celui de Caen, puis l’Insep, puis l’équipe de France. Onze ans chez les Bleus, c’est long... C’est beaucoup de temps passé à s’entraîner, des sacrifices, des régimes, ça pèse sur le corps et l’esprit. À un moment, on sent que l’envie s’estompe, c’est normal. »

« Ce n’est jamais pareil, je m’éclate grave ! »

Coïncidence qui n’en est probablement pas une, la perte de sensations de Dimitri Dragin sur les tapis a correspondu avec le début de sa collaboration avec Cheyenne Mounier, la jeune athlète du Judo Club Grand-Quevilly (21 ans, -48 kg). « En 2015, alors que je passais mon diplôme d’état supérieur (DES) option performance sportive à l’Insep, Paco Legrand (directeur technique du JCGQ), avec qui j’ai toujours entretenu de bonnes relations, a eu l’idée de me proposer de m’occuper de Cheyenne lorsqu’elle venait sur Paris. D’être son référent parisien, en quelque sorte. On a commencé à l’occasion d’un stage en mai 2015 et on a enchaîné en septembre lorsqu’elle a intégré l’Insep », restitue celui qui réside toujours près de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), son premier club en région parisienne, mais revient régulièrement dans la ville de son enfance.

Aujourd’hui, Dimitri Dragin passe pratiquement toutes ses journées aux côtés de la jeune Normande, dans un rôle d’entraîneur personnel qu’il exerce aussi auprès de l’espoir Adrien Palhec (19 ans, -73 kg), originaire de Saint-Etienne et également membre de l’Insep, ainsi que de la Belge Charline Van Snick (26 ans, -48 kg), double championne d’Europe et médaillée de bronze lors des jeux Olympiques de Londres. En plus de ces trois athlètes, le Havrais originaire du quartier de Bléville donne des cours (des pré-poussins aux adultes) dans un club du Val-d’Oise, intervient auprès de chefs d’entreprise parisiens dans le cadre de séances « santé et bien-être », et occupe le poste de 3e entraîneur au pôle Espoirs Ile-de-France de Brétigny-sur-Orge.

« Durant ma carrière, j’ai toujours bien aimé donner des conseils à droite, à gauche. Et surtout, je me suis rendu compte que j’arrivais à me faire comprendre. Là, l’avantage d’avoir différents publics, du loisir au haut niveau, est que ce n’est jamais pareil et cela m’oblige à me remettre en question. Je m’éclate grave ! » Les messages et photos régulièrement postés sur sa page Facebook sont là pour en témoigner.

Deux grands souvenirs et aucun regret

Pas facile pour Dimitri Dragin de faire le tri dans sa boîte à souvenirs. « Il y en a tellement ! Si je devais en garder un ? Je dirais deux, sourit le Havrais. Les championnats du monde universitaires en 2006 et les JO de Pékin. Les Mondiaux universitaires, c’était un gros rendez-vous ! Et cette année-là, en Corée, on avait signé un record en ramenant 11 médailles (dont deux titres pour Dragin, en individuel et par équipes). Au-delà de ça, c’est l’ambiance qui y régnait qui m’a marqué. On était une vraie bande de potes. Un bon bordel (sourire). Et on rafle tout ! Après, les JO, parce que c’est le rêve de tout sportif. Quand tu arrives là-bas, tu es comme un enfant. Il y a toutes les équipes de France. En plus, la moitié, tu les connais, puisqu’on est ensemble à l’Insep. J’étais pote avec le cycliste Grégory Baugé, le nageur Fabien Gilot, les boxeurs, les lutteurs... On se marrait bien. C’est sans doute la seule fois de ma vie où j’ai fait mon régime sans faire la gueule. Et à deux jours de l’échéance, on se met dans sa petite bulle et c’est parti ! »

La liste des regrets s’avère plus rapide à dresser. « Je n’en ai pas. On peut toujours faire mieux, hein, mais je suis content de ma carrière. Rester aussi longtemps au haut niveau, je pense que ce n’est pas donné à tout le monde, avance le Normand, dont les rapports avec l’encadrement fédéral n’ont pas toujours été idylliques. Je savais ce dont j’avais besoin, où on devait m’emmener pour être performant. D’ailleurs, ce sont les fois où je me suis le plus écouté, où je suis resté dans mon truc, que j’étais presque intouchable. Toutes ces choses m’ont permis de grandir et vont me servir dans ma carrière d’entraîneur. » Un jour au sein du staff de l’équipe de France ? « Pourquoi pas. Mais j’ai encore beaucoup à apprendre avant d’en arriver là. »

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