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Gévrise Émane "L’âme d'une guerrière, le cœur d'une championne"

  • La vie d'un judoka
  • 12 août 2016
  • 4 min de lecture

Il n'y aura pas de médaille pour la judoka de Levallois, Gévrise Emane. Enorme déception et grosse surprise : la triple championne du monde, quintuple championne d'Europe, a été battue d'entrée ce mercredi dans les moins de 70 kilos.

A 34 ans et après le bronze à Londres il y a 4 ans en moins de 63 kilos, après trois titres de championne du monde, cinq de championne d'Europe, la Francilienne Gévrise Emane, licenciée au Sporting Club de Levallois, rêvait de décrocher le dernier titre manquant à son palmarès. Gévrise Emane ne deviendra malheureusement jamais championne olympique, battue à la surprise générale dès le 1er tour des moins de 70 kilos, au terme d'un combat qu'elle a maitrisé...jusqu'à 15 secondes de la fin. "Je ne comprends pas du tout, ce n'est pas possible, je suis dégoûtée. Tout ce travail pour rien, cela fait mal" a déclaré l'athlète.

"Envie d'en profiter, de me faire plaisir. Je vais surfer sur le plaisir. Comme ça, on oublie un petit peu la compétition et le stress..."

Quatorze ans après ses débuts au plus haut niveau, l'envie était pourtant toujours là chez la doyenne des judokas. C'est même son moteur. A 34 ans, comme elle dit, "Rio, ce sont mes derniers Jeux Olympiques. Je ne vais pas aller jusqu'à Tokyo, cela c'est sûr" alors forcément "j'ai aussi envie de profiter, de me faire plaisir. Peu importe ce qui va se passer, je pourrai me regarder fièrement dans une glace et dire que j'ai tout donné pour aller jusqu'au bout de mon rêve olympique". Mais rattrapée par ses vieux démons, Gévrise Emane ajoutait, en riant, "les choses à éviter, c'est de trop réfléchir. Parce que c'est ce qui me bloque et me paralyse. Pour le reste, après, il faut tout tenter!" Le stress, sans doute le défaut qui doit pour le moment la faire se contenter d'une 3e place olympique, en 2012, à Londres.

-70kg

L'autre raison, c'est le poids. Cette fois-ci, elle va mener sa quête olympique dans la catégorie des moins de 70 kilos. Une précision importante car cela n'as pas toujours été le cas. Longtemps barrée par la championne olympique 2012, Lucie Décosse, celle qui a découvert le judo sur le tard, à 13 ans, à Neuilly-Plaisance, en Seine-Saint-Denis, a durant 4 ans dû s'exiler en moins de 63 kgs, s'astreignant à des régimes toujours plus contraignants. Au point de penser à abandonner pour se consacrer aux études avec un Master en management public en poche. Mais comme toujours, l'envie est revenue...jusqu'à cette désillusion mercredi après-midi, cette élimination au premier tour pour 15 petites secondes, retournée en un clic alors que le combat semblait gagné.

" Je ne serai jamais championne olympique ". Triste vérité pour Gévrise Emane, qui a été surprise par une Britannique, Sally Conway. Pourtant, après avoir marqué un yuko, elle semblait bien partie pour s'imposer au sol quand son adversaire s'est extirpée et l'a immobilisée à son tour, jusqu'à la victoire.

"Je ne sais pas comment expliquer cela"

Tous les espoirs semblaient permis pour la native de Yaoundé au Cameroun, depuis qu’elle avait repris les rênes de la catégorie des moins de soixante-dix kilos, en décrochant l’or mondial, en août 2015, à Astana (Kazakhstan). La doyenne de l’équipe de France féminine de judo, 34 ans, avait pourtant les crocs acérés pour aller le chercher ce titre olympique qui lui manquait tant.

Depuis qu’elle avait pris la décision, en 2014, de se lancer dans l’ultime défi de sa carrière, Gévrise Emane n’avait qu’une date en tête : ce mercredi 10 août. Ce matin, la pluie s'abattait sur Rio, un mauvais présage ?

"Malheureusement cela tombe sur moi et sur un combat que je maîtrisais. Je me fais retourner alors que j’étais en position favorable. Je vais mettre du temps avant de trouver la réponse. Je ne sais pas comment expliquer cela", avoue Gévrise Emane. L’or olympique lui avait échappé à Pékin et à Londres, où elle devait se contenter de la troisième marche du podium.

"C’est la grosse déception, car Gévrise, c’est une fille extraordinaire avec un parcours incroyable. On est triste pour elle, car elle a perdu en menant. C’est bizarre le sport", dit à RFI Jean-Claude Senaud, le Directeur technique national de la Fédération française de judo. Gévrise Emane n’était pas là pour faire de la figuration et toute la délégation française avait du mal à expliquer un tel retournement de situation. C'est la consternation.

"Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus" "D’entrée, on a vu qu’elle était partie pour le titre. Se faire retourner alors qu’elle était en position forte, je ne crois pas que cela arrive souvent. Surtout pour une fille qui a autant d’expérience. C’est une sacrée désillusion après quatre années de sacrifices", raconte Christian Chaumont, l’entraîneur en club de Gévrise Emane. " Pour une fois, je ne pouvais pas disputer mon athlète. C’est le coup du sort. Elle a fait une carrière exceptionnelle, c’est terrible pour elle", ajoute-t-il.

"j’ai tout fait pour ces JO. Dans le sport, il n’y a pas de règles. C’est comme ça, il va falloir que je l’accepte", raconte la judoka qui est venue à Rio entourée de sa famille. "Ils m’accompagnaient pour aller chercher ce titre olympique", lâche-t-elle en larmes. Mais elle ne regrette rien de tous les sacrifices qu’elle a consentis." C’était mon choix", dit-elle simplement. "Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus. Je ne sais pas."

" Une lionne ne meurt jamais, elle dort ", écrivait sur Twitter la tricolore en décembre 2014, au terme d’une année noire avec une élimination précoce des championnats d’Europe et une non-qualification aux Championnats du monde. Gévrise Emane a quitté l’Arena Carioca 2 sur la pointe des pieds pour tenter de trouver un peu de repos.

"Lucie, tout à l'heure, m'a dit que dans le sport il n'y a pas de loi. Elle a raison, tu peux tout bien faire et perdre", a philosophé Gévrise Emane, disant ne pas savoir quelle suite donner à sa carrière.

"Il va d'abord falloir que je digère ces Jeux, le fait que je ne serai jamais championne olympique, et ensuite je verrai", a-t-elle commenté.

 
 
 

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