Clarisse Agbegnenou "époustouflant"
- La vie d'un judoka
- 10 août 2016
- 3 min de lecture

Qu'elle a tardé à venir, cette médaille! Clarisse Agbegnenou a enfin ouvert le compteur d'une équipe de France de judo jusque-là bredouille en décrochant mardi aux jeux Olympiques de Rio l'argent des -63 kg, un métal qui ne satisfait cependant pas la guerrière.
Avec Agbegnenou, la France a enfin goûté aux joies du protocole au dojo olympique de Rio. Sur le podium, la championne du monde 2014 a accompagné la nouvelle championne olympique, la Slovène Tina Trstenjak.
« Une médaille d’argent aux Jeux olympiques, c’est vraiment beau. »
Après sa finale perdue, c’est la tristesse qui primait. « Je suis déçue, je suis très déçue de moi, a-t-elle témoigné à l’issue de son combat. Après, je repars quand même avec une médaille d’argent. J’ai essayé de la faire tomber, de trouver des brèches, mais j’étais trop pressée. Il ne faut plus me parler de judo, là. » Quelques minutes plus tard, elle s’est montrée plus philosophe : « Ce n’est pas la bonne médaille pour moi, mais c’est ma première. Une médaille d’argent aux Jeux olympiques, c’est vraiment beau. »
Physique puissant, mental d'acier, capacité de travail hallucinante et pas de place pour le doute: Clarisse Agbegnenou est une battante. celle qu'on surnomme "Gnougnou" est passée tout près de devenir la reine de sa catégorie, succédant à Lucie Décosse (2008) au palmarès des Françaises vice-championnes olympiques des -63 kg. Et à son jeune âge, le phénomène Agbegnenou pourrait bien viser un nouveau podium dans quatre ans à Tokyo.

Clarisse, premiers Jeux olympiques et première médaille… Clarisse Agbegnenou : Oui, c’est vrai, même si ce n’était pas celle que je voulais, cela reste une belle première médaille olympique. Il y a de la déception, beaucoup de déception car j’avais travaillé très dur pour décrocher l’or mais l’argent, c’est beau aussi (sourire).
Cette adversaire vous avait déjà battue l’an dernier en finale des Mondiaux… Oui, c’est une fille qui ne veut pas me laisser passer, ce qui n’est pas très cool (rires). C’est le judo, c’est comme cela, je n’ai pas été assez patiente, j’aurais dû entrer plus tranquillement dans le match plutôt que d’essayer de marquer vite.
Vous aviez pourtant beaucoup travaillé spécifiquement sur elle et son judo. Est-ce frustrant du coup de vous incliner quand même ? C’est vrai que j’avais travaillé plus spécifiquement sur elle. C’est pour cela que j’aurais dû laisser davantage le temps couler et la fatigue arriver. J’ai vu une brèche, j’ai pensé que cela allait passer mais en fait non, la porte s’est brutalement refermée.
Au sol, elle est vraiment impressionnante… Oui. J’ai réussi à ressortir une fois mais après, elle a bien enchaîné. J’aurais dû mieux tenir sa seconde jambe mais je n’avais plus de force pour sortir de son immobilisation.
Quel sentiment vous anime après toute cette journée ? Je ne sais même pas… Je suis super contente de décrocher cette médaille d’argent et en même temps vraiment déçue de ne pas avoir fait mieux. Je crois qu’il faut que je laisse un peu les jours passer et j’y verrais plus clair.
Le fait que le judo français attendait toujours sa première médaille vous a-t-il mis de la pression supplémentaire ? Le fait que les filles n’aient pas eu de médaille avant moi c’était dur… Je ne dirais pas que cela m’a mis la pression mais j’espérais qu’une fille me passe le relais un petit peu. Cela aurait été bien, cela m’aurait aidé. Mais elles m’ont toutes énormément encouragé aujourd’hui et cela m’a fait chaud au cœur. Elles m’ont demandé de les consoler avec une médaille et je suis heureuse de pouvoir leur offrir.
Cette médaille d’argent peut-elle lancer la dynamique de l’équipe de France ? Je l’espère vraiment. Je pense que les filles étaient déjà prêtes sans cela mais je vais quand même les rebooster un coup (rires).

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