Franck Chambily "C'est avant tout Teddy contre Riner"
- La vie d'un judoka/ SPORT365
- 2 août 2016
- 4 min de lecture

Franck Chambily, la phase de préparation est arrivée à son terme, que va-t-il se passer désormais jusqu’au jour de la compétition ? Avez-vous adapté votre discours ? Non, ce qui va évoluer vous savez… (il hésite). Il reste deux jours avant son départ, donc on laisse passer le week-end. Là, il est au repos. Lundi et mardi, il s’entraîne, mercredi c’est le départ pour Rio. On enchaîne avec deux journées très chargées. Le 4 la conférence de presse, on en profitera pour prendre ses repères au village olympique avant la cérémonie d’ouverture, et ensuite on se retrouve le 6. Après il a une semaine à tuer, et là c’est très important, car parfois c’est là que tout se joue. Il faut rester un pied dans l’entraînement, dans sa bulle, ne pas s’égarer vis-à-vis des médias, ne pas se disperser. Et en même temps, il faut se changer les idées pour ne pas se remémorer le jour de la compétition. Mon discours n’a pas changé, il doit rester concentré jusqu’au 12, au soir la finale qui est à 18h10. Avant, c’est combat après combat, il pourra se relâcher après 19h00.
Comment s’est déroulée la préparation ? Vous l’avez senti impliqué ? Serein ? Je l’ai toujours senti déterminé tout au long de cette olympiade. Depuis Londres en 2012, chaque année il a été très motivé, notamment lorsque la préparation a débuté, on sent vraiment la différence. Il passe deux à trois vitesses, on voit vraiment qu’il est en mode compétition. On sent la différence, il est dans sa bulle. Les derniers jours, c’est de l’affûtage, il reste dans sa zone de confort, auprès de sa famille et de son staff. L’objectif c’est de rester concentré, tout le temps, garder la tête froide.
Les Jeux Olympiques, pour tout sportif, hormis le golfeurs et les joueurs et joueuses de tennis, semble-t-il, c’est le Graal. En quoi est-ce différent en terme d’approche par rapport à des championnats du monde par exemple ? Parce que, tous les ans, on a des championnats du monde, et les Mondiaux sont en août, on sait à quoi s’attendre. Ce qui change également en année olympique comme celle-ci, c’est qu’on a deux stages nationaux de prévus habituellement, un en juillet, puis un second en août. L’un des deux a sauté, ce qui nous a poussé à prendre de l’avance sur nos temps de passage. C’est très particulier, même pour un Teddy Riner. Dans notre planification, il faut être beaucoup plus en forme qu’à l’accoutumée, et surtout plus rapidement.
CHAMBILY : « IL FAUDRA RESTER CONCENTRÉ DU DÉBUT À LA FIN DU COMBAT »
Vous parliez plus tôt de la détermination de Teddy Riner. Sa désignation en tant que porte-drapeau de la délégation française n’a-t-elle pas renforcée sa motivation justement ? En avez-vous parlé avec lui ? Non, on en a pas trop parlé, je sais qu’il en est fier. Il est très fier de porter ce drapeau, il le voulait, il a été choisi, et c’est tant mieux pour le judo quelque part. Mais à partir du moment où il est motivé, ça ne change pas grand chose. Il sait que c’est une journée éprouvante (la cérémonie d’ouverture, ndlr), il est conscient de ce que cela représente, mais ce qui domine dans tout ça, c’est la fierté de porter le drapeau. Et c’est ce qu’il voulait faire.
Six ans d’invincibilité, un sentiment de puissance et de maîtrise de son sport sans doute inégalés, que peut-il lui arriver ? L’usure mentale ? C’est un sport de combat, vous savez, c’est très aléatoire, il faut être présent à chaque instant, rester très concentré chaque seconde. Aucun droit à l’erreur n’est permis, il ne faut pas laisser de miettes à son adversaire. On peut aussi glisser, mais sur une journée comme celle du 12 août, où Teddy est très attendu, et il le sait, il faudra rester concentré du début à la fin du combat. Peu importe la manière, si elle est là tant mieux, mais c’est la gagne coûte que coûte qui doit l’animer.
Quels ont été les axes de travail au cours de ces derniers mois ? A-t-il émis des demandes particulières ? On a vraiment travaillé ses points forts. Des points faibles, il en a comme tout le monde, mais on a eu envie d’optimiser tous ses points forts, notamment son efficacité en judo, et puis son physique, tout bonnement incroyable. Son travail de mobilité, de résistance physique, d’explosivité, de force. Et si tout est présent le jour J, le physique, le judo, le mental, il n’y aura pas de failles. Mais, quoiqu’il arrive, on se concentre sur Riner, pas sur ses adversaires. Il en a bien sûr, mais c’est avant tout Teddy contre Riner.
CHAMBILY : « DOPÉS, PAS DOPÉS, IL FAUDRA LES BATTRE »
Pas même Hisayoshi Harasawa (n°2 au ranking mondial) ? Le problème d’Harasawa c’est qu’il a du chemin à faire avant une éventuelle finale, parce que de l’autre côté, il y a un Ukrainien assez solide, et surtout le Roumain qu’il a perdu aux Masters au mois de juin. Potentiellement, aux Jeux Olympiques, chaque combat est une finale.
Le CIO a pris la décision de ne pas exclure la Russie définitivement, et la Fédération Internationale de Judo lui a emboîté le pas en qualifiant l’ensemble des judokas russes.
Quel est votre sentiment sur cette affaire ? Votre poulain a déjà fait part de son scepticisme cette semaine… Je respecte la décision du CIO. Les Russes participeront, on connait cette équipe, ils ont fait de très beaux résultats à Londres en 2012, les meilleurs depuis toujours… C’est comme ça, il faudra faire avec, et de toute façon, dopés, pas dopés, il faudra les battre. J’ai un avis sur la question, mais je le réserverai pour plus tard.
Cela vous chagrine ? Forcément, si c’était le cas, si certains sont dopés, c’est déplorable. Mais si les russes sont présents, il faudra les battre. En revanche, encore une fois, je respecte la décision du CIO.
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